Histoire – Triboulet

FouTribouletRabelais le décrit comme : »Proprement fol et totalement fol, fol fatal, de nature, céleste, jovial, mercuriel, lunatique, erratique, excentrique, éthéré et junonien, arctique, héroïque, génial… ».
Nous nous arrêtons là car il y a plus de deux cents épithètes pour Triboulet.

Triboulet, paysan de son état, s’appelle en fait Févrial ou Le Feurail et vit près du château de Blois.
Il est souvent chahuté par les enfants de son hameau.
Il faut dire qu’il est pourvu de longues oreilles, avec de gros yeux et un petit front.

Louis XII le prend à son service. Il tente de lui faire inculquer les bonnes manières de la Cour mais en vain.
Louis XII en fera le fou du roi. Il est alors coiffé de sa marotte – bonnet de plusieurs couleurs avec des grelots – comme un roi de sa couronne.

Jean Marot le dépeint comme un être caricatural : « Aussi sage à trente ans que le jour de sa naissance.
Petit front et gros yeux, voûté comme une vieille, le dos aplati comme ceux qui ont trop porté des hottes, l’estomac raplapla ».
Mais Triboulet sait se moquer des gens sans déclencher leur colère, tel un de nos imitateurs d’aujourd’hui.

Inattaquable par sa position de fou du roi, il déclenche plutôt leur sourire.
C’est cette malice et cette habilité qui ressort du portrait de Chantilly. Il n’est plus cet idiot du village que l’on pourrait croire.

Plus qu’un bouffon, il participe au Conseil, y interpelle des ministres.
Ce fou est également plein de sagesse.
Ainsi quand François 1er, après le succès de Marignan, souhaite renouveler cet exploit, Triboulet dit : « Vous parlez tous d’entrer en Italie, mais personne ne songe au moyen d’en sortir. ».

En effet, après la victoire de Marignan, il y aura la défaite de Pavie.
L’amiral de Chabot le menace de coups de bâton. François 1er intervient et dit : « Ne crains rien, si quelqu’un osait porter la main sur toi, je le ferais pendre dans le quart d’heure qui suit. ».
A quoi Triboulet répond : « Ah Cousin (il appelait le roi ainsi), ne pourriez-vous pas, je vous prie, le faire pendre un quart d’heure avant qu’il m’étripe ».

Il est l’auteur de nombreuses réparties.
Ainsi lors qu’il risque d’être exécuté pour avoir offensé une maîtresse de François 1er, et que ce dernier lui laisse le choix de sa mort, Triboulet dit : « Bon sire, par Sainte Nitouche et Saint Pansard, patrons de la folie, je demande à mourir de vieillesse ».
Cela laisse le roi sans voix.

Autre anecdote. Alors que le roi et son bouffon assiste aux vêpres, l’assistance se lève dans un grand silence et l’évêque commence le Deus in adjutorium qui est repris par par les chœurs ce qui produit beaucoup de bruit sous les voûtes.
Triboulet se lève alors et corrige le prélat.
Revenant vers le roi il dit : « Mon cousin, c’est celui-là qui a déclenché tout ce vacarme et troublé votre méditation. ».

Mais ce comportement d’inconduite et le langage de Triboulet provoqueront la lassitude du roi.

Rabelais met en scène Triboulet dans Pantagruel.Trois cent ans plus tard, c’est Victor Hugo qui le met en scène dans « Le Roi s’amuse« .
François 1er y est l’amant de la fille de Triboulet. Ce dernier ne pourra sauver sa fille d’un malentendu tragique.Verdi reprend cette histoire dans son opéra Rigoletto.

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